Lors d’une conférence organisée à Dakar, en avril 2013, devant des étudiants d’une école de commerce, Léonce Ndikumana martèle : « Ce n’est pas l’Afrique qui est endettée vis-à-vis du monde, c’est plutôt le monde qui est endetté vis-à-vis de l’Afrique ; le mythe selon lequel l’Afrique ne peut pas réduire la pauvreté est créé par le drainage de ses ressources. L’Afrique peut éradiquer la pauvreté si ses ressources restent sur le continent. » En quelques mots, le professeur d’économie, né au Burundi, résume l’un des messages principaux du livre La dette odieuse de l’Afrique. Comment l’endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent, qu’il a signé avec son collègue James K. Boyce.
Deux professeurs d’économie à l’université du Massachusetts signent un livre à la fois précieux et accessible sur les circuits financiers qui ont prévalu – et prévalent encore – entre les pays d’Afrique subsaharienne et le reste du monde. Léonce Ndikumana et James K. Boyce détaillent, dans La dette odieuse de l’Afrique, les mécanismes qui ont permis à des régimes illégitimes d’endetter leurs pays, sans contrepartie ou presque pour leurs populations, avec la bénédiction de prêteurs dont l’attitude ne laisse pas d’interroger.
La démonstration des deux économistes débute par le récit du voyage du président zaïrois Mobutu Sese Seko à Washington en juin 1989 en Concorde, depuis l’immense piste construite à Gbadolite, le village natal de Mobutu au nord du Zaïre – pour aller rendre visite à son vieil ami George H.W. Bush. Peu après cette visite, le FMI accordera un nouveau prêt au Zaïre. Pourtant, peu de temps auparavant, le responsable de l’équipe du FMI dépêchée au sein de la Banque du Zaïre n’avait-il pas conclu que, du fait de « l’impossibilité de limiter les fraudes », « les créanciers du Zaïre n’ont aucune chance de recouvrer dans un avenir proche l’argent qu’ils y ont investi » ?
Cet argent qui n’est ni dépensé ni investi en Afrique, il faut pourtant aujourd’hui le rembourser. Les auteurs rapprochent les paiements au titre du service de la dette de la réduction des dépenses de santé publique et calculent que, pour les pays considérés, « la fuite des capitaux alimentée par la dette a causé la mort de 77 000 nourrissons de plus par an ». Des chiffres qui « donnent une nouvelle signification à l’expression ”l’argent du sang ”». ses ressources. L’Afrique peut éradiquer la pauvreté si ses ressources restent sur le continent. »
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